Confutatis Malidictis

I went for a walk after a long festive season end of the year, which I managed to avoid by locking myself in at home. I felt the need to fill my lungs with fresh air, but also to stock up on tinned food and bread.

At home in the evening, comfortably seated on the sofa in front of not the television, the ancestor, but the new kid on the block, the computer. I decided to watch 'Amadeus' on Arte, while thinking about the incident in the street.

So I was watching Amadeus, but I was seeing this woman again in the street, in the cold and the general indifference, neither a tramp, nor a drug addict, nor an alcoholic, but whom fate had thrown in there...

I thought and the film played, and the story unfolded on my computer screen.

Amadeus! Said Salieri. I'm absolutely not feeling tired, I'll help you finish it. So, Amadeus, thanking his tormentor, got to his feet, exhausting his last strength, his skin yellowed, his eyes sunken by fatigue, lack of sleep and sickness. In spite of everything, he carries on with the painful delivery of his work of art.

Confutatis maledictis

When the accused are confounded And doomed to flames of woe Call me among the blessed

The wounded orchestra lets out sublime roars.

Your outcries are the violins of the streets and the flutes of brass…

The sublime lyrics and this music that floods my body, my guts, my heart and my brain, like a wave taking my breath away. All the emotion rushes into my mouth, squeezing my throat. The desperate song of the damned pierced me through the strings, plucked and strummed; the percussion, violently beaten, the woodwinds, brass and horns howling in chorus a desperate song. I was overwhelmed with a heavenly taste; the voluptuous ‘melojoyous’ little death.

The song of the damned had an angel's sweetness, a requiem æternam.

And I kept thinking about that frail, brave, honest lady with the greying hair. Honest, yes, otherwise she wouldn’t have ended up on the street.

She was the conscience of humanity. Damned, excommunicated, reprobated, sacred Angel or God-damned Devil, I couldn't say.

She asked me if I had any coins. What coins? No, I haven't got any. No, but I'm damned like you, madam! I was thinking in the interstices of my brain, without breathing a word. It's funny how it cogitates, this slimy, ugly matter, a tangle of neuro-wires but which feels empathy.

And the heart goes on beating. But we're cold and our humanity aches, both for ourselves and for others. More often for ourselves than for others, I agree.

Dies irae, dies illa

The day of wrath, that day

Will break up the world into ash

Confutatis maledictis

When the accused are confounded Flammis acribus addictis

And doomed to flames of woe

Do you believe in it, Maestro? Asks Amadeus. In what? Replies Salieri, astonished and concerned. In unquenchable flames that would devour you eternally, adds Amadeus.

Oh yes, replies Salieri thoughtfully.

No madame, I replied to the lady on the street. But I can give you something to eat. I have a can of tinned food and some bread.

Lacrimosa dies illa

This day full of tears….

I see a funeral hearse, cold, pulled by horses.

Judicandus homo reus

This guilty man you are going to Judge.

Yes. It was in a common grave, to the melody of requiem, that Amadeus departed. Alone.

Alone was also Salieri, laughing and yelling, surrounded by damned fools. Yes alone and yelling: I will speak for you Father. I'll speak for all mediocre. I am their champion, their Patron Saint. Mediocrity is everywhere! I absolve you. I absolve you…I absolve you all.

Ora suplex acclinis ; Cor contritum quasi cinis; Gere curam mei finis.

Begging and bowing, I pray you, with my heart reduced to ashes, take care of my last hour.

Grateful, she took a box and the bread, and she left.

Huic ergo oarce, Deus

Spare Her my good Lord

The orchestra roars again. The sound of the brass, horns and strings consumed my heart.

My throat tightened, I closed my eyes and kept thinking of her. And I was cold.

___________________________________________________________________________

The original version in French

Je partis me promener après une longue période festive fin de l'année, que je réussis à éviter en me cloîtrant, à double tour, chez moi. Je ressentais le besoin de gonfler mes poumons de l’air frais mais aussi de m’approvisionner en boites de conserves et le pain. Chez moi le soir, assis sur le canapé, devant, non pas la télévision, l’ancêtre, mais le petit nouveau, l’ordinateur, je décidai de regarder « Amadeus » sur l’Arte, tout en songeant à l’incident, dans la rue.

Je regardais donc Amadeus mais je revoyais cette dame dans la rue, dans le froid et l’indifférence générale, ni clocharde ni droguée, ni alcolo, mais que le destin l’avait qu’en même jetée là...

Je pensais et le film se déroulait et l’histoire s’étalait sur l’écran de mon ordinateur.

Amadeus! Disais Salieri, Je n’ai absolument pas sommeil, je t’aiderais à le finir. Alors, Amadeus, remerciant son ami bourreaux, se redresse en épuisant ces dernières forces ; le teint jauni, les yeux creusés par la fatigue et le manque de sommeil et la maladie. Malgré tout, Il reprend l’accouchement de son ouvre douloureuse.

Confutatis maledictis

Après avoir réprouvés les maudits.

L’orchestre violenté laisse échapper des cris sublimes.

« Les violents des rues et les flûtes de laitons»

Les paroles sublimes et cette musique qui m’envahit le corps, les tripes, le cœur et le cerveau, comme une vague me coupant le souffle. Toute l’émotion me monte dans la gueule, me serrant la gorge. Le chant désespéré des damnés me transperce à travers les cordes, frottées, pincées, frottées ; les percussions, violemment battus, les vent bois, cuivres et cors hurlant en chœur un chants désespéré. J’avais le vertige avec un goût divin ; le petit mort ‘mélojoyeux’.

Le chant des damnés avait un goût d’ange, du requiem æternam.

Et je continuais à penser à cette dame avec les cheveux grisonnants, frêle, brave et honnête. Honnête, oui, si non elle n’eut pas fini dans la rue.

Elle était, la conscience de l’humanité. Damnée, excommuniée, reprouvée, sacrée ange ou maudite damnée, je ne saurais le dire.

Elle m’avait demandé si je n’avais pas de pièces. Quelles pièces? Non je n’en ai pas. Non, mais je suis un damné comme vous madame! Je pensais dans les interstices de mon cerveau, sans souffler mot. C’est amusant comme ça cogite, cette matière gluante, laide, enchevêtrement de neuro-files mais qui éprouve de l’empathie. Et le cœur qui bat. Et nous, on a froid et on a mal à notre humanité et pour le sois et pour les autres. Plus souvent pour le sois que les autres, j’en conviens.

Dies irae, dies illa

Jour de colère que ce jour là…

Confutatis maledictis

Après avoir réprouvés les maudits

Flammis acribus addictis

Et leur avoir assigné le feu cruel

Vous y croyais Maestro, demande Amadeus à Salieri. A quoi ? demande Salieri étonné et surpris. A un feu inapaisable, qui vous dévorerait éternellement, ajoute Amadeus. Oh oui, réplique songeusement Salieri.

Non madame, je répondis. Mais je peux vous donner à manger. J’ai des boites de conserves et du pain.

Lacrimosa dies illa

Ce jour plein de larmes….

Je vois la corbillard, froide, tirée par les chevaux.

Judicandus homo reus

Cet homme coupable que vous allez juger.

Oui c’était bien dans une fosse commune sur un fond de Requiem que Mozart s’en est allé. Seul.

Seul était aussi, Salieri, riant et gueulant, entouré des damnés. Oui seul et hurlant : je parlerai pour vous mon père, je parlerais pour tous les médiocres. Je suis saint patron des médiocres. La médiocrité est partout !

Ora suplex acclinis

Cor contritum quasi cinis : Gere curam mei finis.

Suppliant et prosterné, je vous prie, le cœur réduit en cendres prenez soin de mon heure dernière.

Tout en me remerciant, elle a pris une boite et le pain et elle s’en est allée.

Huic ergo oarce, Deus

Épargnez-LA mon dieu.

Le son des cuivres, des cors et des cordes me dévorait le cœur.

La gorge serrée, je refermais les yeux, et je pensais toujours à elle.

Et j’avais froid.